La troisième médaille d’or de la Côte d’Ivoire en Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football a davantage rassemblé les 27 millions d’Ivoiriens avant de les unir par la suite autour de leur trophée final.

Quand, au soir du 11 février 2024, l’arbitre de la finale de la 34ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations, Nigéria-Côte d’Ivoire, le Mauritanien, Dahane Beida, donne son dernier coup de sifflet de ce final, ce sont 27 millions d’Ivoiriens qui ont sauté au plafond. Comme un seul homme. Pour être heureux le peuple ivoirien l’a été, le temps de cette Can. Il exulte. Dansé. Pleuré de joie. Une joie débordante qui engendre quelques brins de « folies » en pareille circonstance. Une joie incommensurable des Ivoiriens qui découle du 3è trophée de la Can que leur sélection, les Éléphants, venaient de remporter face au Nigéria, dominé (2-1). Cela, après les succès de 1992 et 2015.

Et si une chose unit véritablement les Ivoiriens, c’est bien leur équipe nationale. Du premier trophée au troisième en passant par le second, ce fut quasiment la même hystérie. Seulement que la victoire finale du 11 février 2024 dégageait un parfum particulier. Insaisissable. Indescriptible. Elle a fait passer l’ensemble de la planète foot par toutes les émotions. Les Ivoiriens en premier. Des joies matinales du premier match au stress en passant par le désarroi emprunt d’humiliation du second et troisième match, les Ivoiriens ont surfé sur tout. Le tout, à travers un scénario d’ensemble mis en boite par un scénariste certainement venu d’une planète étrangère au football. Parce que les situations données à cette 34ème CAN relevaient par moments de la « folie ». De la magie. Une quasi-dinguerie ! « La glorieuse incertitude du football » a pris toute sa place à cette édition.

Et ce mois de football en Côte d’Ivoire a davantage raffermi les liens des Ivoiriens entre eux. Dans la douleur comme l’extase, il n’y a pas eu d’Ivoiriens du Nord, de l’est d’un côté, ceux du centre, de l’ouest de l’autre. Tous et toutes ont pleuré et dansé ensemble. Dans une synergie et osmose à nulle pareille.  » J’étais assis, dans les tribunes, avec mes frères du RHDP, du FPI, du Pdci-Rda et autres sans aucun problème », commente Charles Blé Goudé, le président du Cojep, jeune parti politique ivoirien.

On le voit, en un mot comme en mille, la CAN et été le trait d’union d’une Côte d’Ivoire pluraliste et plurielle. Comme quoi, le football a ceci de magique qu’il rassemble des personnes aux positions tranchées pour ne pas dire ennemis.

Ce 3ème trophée, vaut-il un 4ème mandat à Ouattara ?

Une bonne partie des Ivoiriens présents dans l’enceinte du stade d’Ebimpé n’a pas attendu longtemps pour scander le nom du chef de l’état ivoirien, Alassane Ouattara, après le sacre des Éléphants.  » Adoohoo! Ado! Adoo, Adoooo! Adooooo! Adooohoo!! ». Une façon pour eux de reconnaître le travail éléphantesque abattu par le premier des Ivoiriens et son équipe gouvernementale dans le financement et la mise en train de cette gigantesque œuvre sportive et sociétale. Comme enveloppé, allouée à la Can, on avance la coquette somme de 500 milliards de francs cfa. C’est ce montant qui a couvert la réalisation de nouvelles structures sportives, hôtelières, routières dans les villes qui ont abrité les matchs de la CAN notamment Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, San-Pedro…

En pareille circonstance, quel homme politique ne tirerait pas profit des effluves d’une telle compétition dont les retombées impactent positivement un peuple sur le plan psychologique et moral ? C’est logiquement voire légitimement que les partisans de l’état se servent de cet acquis populaire pour se projeter sur les élections présidentielles de 2025. L’excellente organisation de la CAN ivoirienne a, pour une des rares fois, mis tous les Ivoiriens d’accord sur la qualité du travail effectué par le gouvernement actuel. Quels que soient leurs bords ou obédiences politiques. Ce ne sont pas les étrangers qui, pour la plupart ont été éblouis par la qualité des infrastructures et l’hospitalité du peuple ivoirien, qui diront le contraire. Qu’on se le tienne pour dit ; ce 3ème trophée de la Côte d’Ivoire et surtout le travail d’orfèvre abattu en amont grâce aux moyens alloués par le chef de l’état lui a fait gagner en estime dans l’entendement populaire ivoirien.

Ce regain de popularité, à plus d’un an des élections de 2025, lui donne-t-il une touche d’avance sur ses adversaires politiques à venir pour un quatrième mandat consécutif ? Wait and see.

 

Maria De Dieu