On est fatigué de ces refrains macabres des violences dans l’est du Congo. Les images des déplacés me révoltent, mais je n’y peux rien. Je ne supporte pas de voir des compatriotes hommes,  femmes et enfants malnutris à ce point à cause de la guerre. Les régimes se succèdent mais la situation reste la même à Beni et en Ituri. J’en suis venu à conclure que la communauté internationale sait ce qu’il se passe, le jeu qu’elle joue, mais nous fait des mises en scène. Quant à l’État congolais, je m’en moque.

Si vous ne le savez pas, le Congo est divisé en deux parties : il y a la partie Est où pullulent les groupes armés, avec toutes leurs violences. Ensuite, il y a le Congo où les autorités sont assises dans leurs bureaux huppés à Kinshasa, regardant le football à la télévision. Ainsi, les informations varient selon qu’elles viennent de l’est ou de l’ouest du pays. Quand c’est l’Ouest, les infos sont souvent : les détournements des deniers publics à Kinshasa, la répression des marches pacifiques de l’opposition, etc. Mais les nouvelles de l’Est sont plutôtpoignantes et révoltantes : massacres à Beni, viols, incendies des cases en Ituri, kidnappings à Goma, épidémie à virus Ebola

Au 39e sommet des chefs d’États de la SADC à Dar-es-Salaam en Tanzanie, le nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a appelé à la création d’une coalition des forces des pays membres pour lutter contre les groupes armés dans l’est du Congo. Mais je me pose plusieurs questions : qui sont derrière ces groupes armés ? À qui profitent leurs crimes ? Quelles puissances étrangères jouent ce jeu ? Pourquoi l’absence de l’autorité de l’Etat ?

La guerre des richesses du Congo

Depuis la chute de l’ancien président Mobutu en mai 1997, l’est de la RDC ne connaît jamais de paix. Ituri, Beni, Masisi, Plaine de la Ruzuzi, etc. Ce sont des zones où des groupes armés nationaux ou étrangers règnent en maîtres. Mais on sait que ce Congo de Lumumba est un pays très riche en minerais parmi les plus recherchés au monde : or, diamant, coltan, cobalt, cuivre, uranium… Sans compter nos forêts, notre faune et notre flore. Tout le monde est d’accord que c’est cela le nœud du problème. Nous sommes victimes d’une de rapine comme l’avait dit Mzee Laurent Désiré Kabila : des puissances étrangères se battent pour contrôler nos richesses.

On dénombre une centaine de groupes armés dans l’est du Congo : LRA, FDLR, ADF, MaiMai Mazembe, Yakutumba, etc. C’est aussi une région des conflits communautaires : Nande-Hutu, Hema-Lendu, pygmées-Bantous… Dans les Kasaï, la guerre la plus récente c’est celle de Kamwina Nsapu. Heureusement qu’elle a été vite maîtrisée par les Forces armées de la RDC.

Mais ce qui est curieux c’est que le Congo a connu de nombreuses opérations militaires nationales ou internationales de pacification, mais aucune n’est arrivée à bout des groupes armés. Il y a eu Eufor RDC , Sukola 1, Sukola 2, Amani leo,  Monuc, Monusco… Et aujourd’hui on parle de Tempête de l’Ituri.

Finalement on se rend compte que ce n’est pas une guerre mais plutôt un business armé. Un business florissant dont profitent allègrement des individus, des personnalités et des États. Les groupes armés neservant qu’à passer les marchés,  exécuter les contrats, les deals. Profitant de l’absence de l’autorité de l’État en RDC, des individus, des États et des multinationales se remplissent les poches et les comptes en banque, à travers le business de la guerre.

Pendant ce temps, des Congolais sont égorgés, violés,humiliés dans leur pays ; le sang est versé jour et nuit.Les armes circulent comme du pain. Peut-on me dire où les groupes armés trouvent-ils les armes s’il n’y a pas un marché noir bien entretenu ? Des généraux congolais sont pointés du doigt dans la vente d’armes. Parfois, certains groupes armés sont mieux armés que certaines factions locales des Forces armées de la RDC. Oui, les ennemis du Congo sont derrière ce sale business. C‘est la guerre des minerais.