Le 24 janvier 2020 marquera le premier anniversaire de l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir en République démocratique du Congo. Problème : le gouvernement a osé annoncer une enveloppe de 6 millions de dollars américains devant être dépensés pour fêter cet anniversaire.

6 millions de dollars à dilapider dans une fête ! L’information a provoqué la colère au sein de la population et dans les réseaux sociaux. Pour un véritable scandale, c’en était un dans un pays à l’économie exsangue comme le Congo. C’était même une provocation. Tous les Congolais ont été unanimes à rejeter cette fête inutile programmée pour engloutir 6 millions de dollars.

Le pouvoir enivre, dit l’adage. Personnellement, je n’imaginais pas le président Félix Tshisekedi capable de telles maladresses. Pour un président dont le slogan est : « Le peuple d’abord », ordonner de telles dépenses de prestige prouve qu’il n’y a finalement aucune différence avec le régime passé de Kabila.

Comment se plaire à dilapider 6 millions de dollars pour une fête dite de « l’an 1 de l’alternance », dans un pays où des milliers d’enseignants sont en grève parce que non payés depuis plusieurs mois ? Un pays où le virus Ebola continue à faire des ravages et nécessite encore plus de moyens pour la riposte. Un pays où des massacres des civils sont quotidiens en territoire de Beni avec des populations sinistrées et sans aucune assistance.

Un tollé général

Ce qui m’a beaucoup plu dans cette affaire c’est le front commun qu’ont formé les Congolais de tout bord politique pour dénoncer cette tentative d’engloutir le peu de moyens dont dispose le pays. La mobilisation était totale, et pour une fois, qu’ils soient de l’opposition, de la majorité au pouvoir ou de la société civile, les Congolais ont parlé le même langage. Les réseaux sociaux se sont déchainés dans des critiques contre le président Félix Tshisekedi. Certains sont allés jusqu’à réclamer le retour de Joseph Kabila au pouvoir. Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) est passé en première ligne. Il a annoncé un sit-in pour demander l’annulation pure et simple de la fameuse fête de « l’an 1 de l’alternance ». Même les sympathisants du parti Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) du président Tshisekedi ont rejeté catégoriquement l’organisation de cette célébration.

Le pays a d’autres priorités qu’une fête

Les routes sont en piteux état, surtout les routes de desserte agricole. Ces 6 millions de dollars pourraient aider ne serait-ce qu’à les réhabiliter. Les provinces n’ont pas d’infrastructures, les entités territoiriales manquent d’écoles et d’hôpitaux. La pauvreté a atteint des proportions inimaginables. Avec ces 6 millions de dollars, on pourrait soulager tant soit peu la misère de la population.

La pression était telle que l’affaire a été portée en conseil des ministres du gouvernement central. Finalement le président Félix Tshisekedi a dû faire marche arrière. La fameuse fête de l’an 1 de la première alternance ne pourrait être que symbolique. On ne touchera plus à nos 6 millions de dollars. Ce qui a fait immédiatement baisser la tension qui risquait d’embraser le pays. Mais nous restons vigilants.