Lorsqu’on est amis ou partenaires, la logique voudrait qu’on se fasse des concessions pour avancer ensemble. Hélas, ce n’est pas le cas au sein du Front commun pour le Congo (FCC), la coalition qui soutient l’ancien chef de l’État Joseph Kabila. Sur une quinzaine de partis et regroupements politiques membres, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie  (PPRD) de Joseph Kabila s’est emparé de tous les postes-clés devant revenir à la coalition. Ce qui crée une vive tension interne.

A l’issue des élections générales du 30 décembre 2018, l’opposition a remporté la présidentielle, tandis que la coalition FCC de Kabila les législatives, les sénatoriales, etc. À l’heure de la distribution des postes, le PPRD de l’ancien président s’est octroyé la part du lion : il a pris la primature, la présidence de l’Assemblée nationale et plusieurs gouvernorats des provinces, ne laissant que des miettes à ses alliés.

Aujourd’hui encore le torchon brûle au sein de ce fameux Front commun pour le Congo. Et pour cause, Joseph Kabila veut encore contrôler la présidence du Sénat congolais, pour y placer un de ses plus fidèles, notamment le très controversé ancien ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba. Seulement voilà, le poste est convoité par un autre parti  de la coalition et pas le moindre : l’AFDC de l’ex-ministre de l’Economie Modeste Bahati Lukwebo. L’affaire suscite une telle levée de boucliers qu’il y a lieu de craindre l’éclatement de la coalition FCC. Jusqu’à présent, Chacun campe sur ses positions. D’une part, le parti de Kabila maintient la candidature d’Alexis Thambwe Mwamba, de l’autre BahatiLukwebo se désolidarise et annonce sa proprecandidature. Voilà une nouvelle preuve qu’au Congo, nos dirigeants ne se battent pas pour le peuple mais pour des postes. Et c’est une honte !

Il faut noter que c’est également à cause de cette guerre des postes que le pays n’a toujours pas de gouvernement sept mois après les élections du 30 décembre 2018. Les proches de Kabila, toujours eux, exigent la quasi-totalité des postes et imposent des personnalités qui ne font pas l’unanimité avec leur allié du Cap pour le changement, une plateforme politique du président Félix Tshisekedi. On négocie des compromis mais à la fin on revient à la case du départ. C’est parce que personne ne veut faire bouger les lignes.

Ainsi donc, la politique chez-nous est un jeu de partage de gâteaux. Si Untel ou Untel n’a pas sa part, la marche du pays sera bloqué jusqu’à ce que le mécontent touche son dividende et soit satisfait. Ça prendra le temps que ça prendra, et le peuple n’aura que ses yeux pour constater la gourmandise de ses élus, de ses dirigeants. C’est pareil dans l’opposition : la même course au poste ! Après cinq ans, ils reviendront aux prochaines élections pour que nous puissions encore voter pour eux.