En République démocratique du Congo, les écoles rouvrent toujours leurs portes le 5 septembre après 2 mois de grandes vacances. Mais pour l’année scolaire 2020-2021, la rentrée scolaire a eu lieu lundi 12 octobre en raison de la crise sanitaire due au coronavirus. Si tout s’est bien passé dans les écoles privées, il n’en est pas le cas dans les écoles publiques. Et pour cause, les enseignants sont en grève.
En uniforme bleu et blanc, les élèves ont repris le chemin de l’école lundi 12 octobre 2020 sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo. La plupart avec un cache-nez au visage. Malheureusement, les enseignants ne sont pas tous au rendez-vous. Dans plusieurs établissements scolaires que j’ai visités, il y avait peu ou pas d’enseignants du tout. Les quelques rares enseignants que j’ai vus étaient à l’extérieur des salles de classes en train de discuter sous un arbre, dans la cour ou à l’entrée de l’école. Après être restés plusieurs heures sans étudier, beaucoup d’élèves ont tout simplement décidé de rentrer à la maison.
Pas d’argent, pas de classe !
« Nous ne reprendrons pas la craie blanche tant que nous ne serons pas payés », m’a lancé un enseignant du primaire à Kinshasa. Du coup, l’année scolaire 2020-2021 est en crise avant même de commencer. Il faut rappeler que depuis des décennies, alors que l’État congolais ne payait plus les enseignants, ce sont les parents d’élèves qui s’en occupaient en versant un montant convenu avec les enseignants. Mais à son arrivée au pouvoir en 2019, le président Félix Tshisekedi a mis fin à ce système et tous les enseignants des écoles publiques sont désormais payés par le Trésor public. Seulement voilà, le mécanisme n’a pas encore pris en compte l’ensemble des enseignants. C’est le cas de ceux que l’on appelle les « NU » (les nouvelles unités) toujours oubliées lors de la paie. Cette fois-ci, ils sont décidés à rentrer dans leurs droits, sans quoi ils ne reprendront pas les cours.
Même chose du côté de certains enseignants déjà « mécanisés » mais qui se plaignent de la modicité de leurs salaires. Beaucoup parmi eux continuent à bouder les salles de classes. « La vie coûte très cher. Ce qu’on me paie comme salaire ne suffit pas pour prendre en charge ma famille. J’ai une femme et quatre enfants, dont trois doivent eux aussi aller à l’école. Mais je n’ai pas les moyens de leur acheter ne serait-ce que les objets scolaires… », se plaint un enseignant du secondaire.
Sous Joseph Kabila, le salaire moyen d’un enseignant congolais était d’environ 90 dollars américains, avant de passer à environ 207 dollars sous Félix Tshisekedi. Néanmoins, cette rémunération reste très insuffisante comparée au coût de la vie en République démocratique du Congo.
Le gouvernement multiplie les promesses
Pour tenter de sauver cette année scolaire déjà gravement menacée par la crise du Covid-19, le ministre congolais de l’Enseignement, primaire, secondaire et technique, Willy Bakonga, tente de calmer la situation. Il vient d’annoncer que « 58 000 enseignants nouvelles unités seront tous payés d’ici la fin de ce mois d’octobre 2020 ». Une bonne nouvelle saluée par tout le monde, mais qui jusque-là n’est qu’une promesse qui peut ne pas être réalisée. Pendant ce temps, un mouvement de grève est toujours observé dans plusieurs écoles publiques, surtout en provinces.