Le phénomène ne peut pouvait passer inaperçu, le désespoir qui prend à la gorge la jeunesse togolaise jour après jour s’est révélé une triste réalité. Depuis le lancement de la loterie visa de cette année, ils sont des milliers de jeunes  à prendre d’assauts les abords du service des passeports en vue de se faire établir le fameux sésame pouvant leur permettre de tenter leur chance pour l’aventure américaine.

Malgré les tentatives des autorités du Togo et affidés, d’édulcorer le phénomène et le minimiser, soutenant que l’immigration et le rêve américain ne sont pas propres aux togolais, force est de constater que le pouvoir en place, une monarchie déguisée ne donne aucune perspective aux jeunes.

Faure Gnassingbé qui boucle bientôt quinze ans à la tête du Togo et dont la famille dirige le pays depuis plus de cinquante années n’a pu asseoir une politique pragmatique qui prend en compte les besoins de la jeunesse. Ils sont des milliers nantis de diplômes abonnés au chômage depuis des lustres. Le fameux mandat social que Faure Gnassingbé a fait miroiter aux populations s’est révélé une arnaque à visée électoraliste.

Quelques-uns de ces jeunes qui rêvent de partir n’ont pas caché leur désarroi.

« Aucun rêve n’est possible dans ce pays, demain n’augure rien de bon, nous n’avons aucun avenir avec ce régime qui n’a aucune solution  à nos problèmes». Déclare sceptique Kodjo, un jeune de 32 ans.

A Martin de renchérir : «  Je viens d’avoir la licence, mais je crains de devenir un bon à rien si je reste dans ce pays ».

« Je veux partir pour les Etats Unis pour au moins arriver à soutenir mes parents. Ma mère s’est vraiment battue pour ma scolarité mais aujourd’hui elle est d’une petite santé et a besoin de mon soutien. Aucun espoir n’est permis dans ce pays », constate déçue Mariam.

La plupart des jeunes interrogés veulent partir, convaincus que leur pays ne peut rien leur offrir. Tous ces jeunes ne veulent pas se faire établir le passeport togolais en vue de sa nécessitépour tout citoyen ; mais ces milliers de bras valides dont le Togo a besoin pour son développement et sa reconstruction,rêvent de gagner à la loterie visa des Etats Unis, pour espérer une vie meilleure.

Déjà l’établissement du passeport coûte 30.000 CFA soit 46 euros ou 51 dollars. En  temps normal ces candidats à l’immigration auraient dépensé ses fonds pour subvenir à leursbesoins.

« Les temps sont durs et 30.000 francs CFA dans le Togo de Faure Gnassingbé c’est beaucoup d’argent, mais je préfère obtenir mon passeport pour tenter ma chance ». Lance désemparé Lucien 27 ans.

Pour l‘opposition togolaise, ce phénomène n’est que l’une des faces visibles de l’échec du pouvoir en place. Le parti des togolais souligne pour sa part que « la croissance du PIB en 2012 était de 5,9%. Faure Gnassingbé a promis la porter à 10% au moins en 2015. En 2018 elle a même régressé à 4,88% et elle n’est pas inclusive. Quand on a perdu la confiance du peuple, on se retire », faisant ainsi allusion à la funeste volonté du chef de l‘Etat de s’incruster indéfiniment à la tête du Togomalgré les signaux de désespoir et la gouvernance catastrophique.

De sources concordantes,  le service des passeports  enregistre en moyenne près de 1000 dossiers au quotidien, depuis l’annonce diffusée de la loterie visa.

De jours comme de nuits, ils font le pied de grue devant le service des passeports. Certains soutiennent qu’il faut y être tôt, déjà à 3h du matin pour faire le dépôt de dossier et espérer le passeport au bout de deux semaines. Véritable parcours de combattant.

Le Togo compte déjà près de deux millions de ressortissants hors du pays. D’autres milliers sont décidés à tenter l’aventurede l‘immigration à la recherche d’un ailleurs meilleur.

Sous d’autres cieux cette situation devrait faire réagir tout gouvernant soucieux du devenir de la jeunesse mais celui du Togo est accro aux voyages interminables et à comment rempiler pour un 4em mandat présidentiel. Tout le reste n’a aucune importance à ses yeux. Le pouvoir encore et toujours tel est son leitmotiv.

Bonne chance aux candidats à l’immigration.