Le 15 mars 2023, Ferdinand Ayité et Isidore Kouwonou tous deux du journal l’Alternative sont condamnés par le tribunal de grande instance de Lomé pour outrage à l’autorité et propagation de propos mensongers sur les réseaux sociaux, à trois ans de prison et 3 millions CFA d’amende, soit près de 5 000 dollars et un mandat d’arrêt international.

L’affaire remonte en 2021 où après une émission sur la chaîne YouTube du journal, des ministres de Faure Gnassingbé ont estimé avoir été victimes de diffamations et ont entamé des poursuites contre trois journalistes. Ferdinand Ayité, Joel Egah et Isidore Kouwonou. La justice aux ordres, jette en prison les deux premiers et le troisième est placé sous surveillance judiciaire avec interdiction de sortir du pays.

Après quelques semaines de détention, ils sont libérés et ont présenté des excuses aux plaignants. Quelques jours après, Joel Egah décède. « Il a particulièrement été éprouvé par la détention » selon ses proches.

Le dossier semblait clos, quand contre toute attente, le pouvoir togolais convoque de nouveau les confrères pour le même dossier y compris le défunt. Du jamais-vu.

Ferdinand Ayité se sentant surveillé de très près a redoublé de vigilance surtout après avoir été refoulé à la frontière Togo-Bénin alors qu’il voyageait pour des raisons professionnelles. Il a finalement estimé que sa vie était en danger au regard des informations qui lui parvenaient ; il a dû quitter le pays avant la date de la nouvelle convocation. Isidore Kouwonou a pu également se mettre à l’abri selon leur avocat Me Elom Kpade.

Cette condamnation par contumace dénote de l’effectivité du rouleau compresseur que déroule le pouvoir togolais contre la presse critique depuis l’avènement de Faure Gnassingbé au pouvoir en 2005.

Le pouvoir a réussi a acheté une bonne partie de la presse, a instauré une auto censure déguisée de même qu’une omerta qui ne dit pas son nom.

Les arrestations, les fermetures de journaux, les procès sont légions, sans oublier les contraintes à l’exil.

Pour rappel, l’Alternative avait été suspendu en février 2021 pour quatre mois dans un dossier impliquant un autre ministre.

Que restera-t-il de la presse critique tant que Faure Gnassingbé sera au pouvoir ? 

Crédit photo : Togo Actualités