Les minibus servent de moyens de transport dans nombre de capitales africaines. On les appelle « Sotrama » à Bamako, « Opep » à Douala et « Gbaka » à Abidjan.

Si leur utilité n’est plus à démontrer dans ces grandes villes, du fait qu’ils comblent le déficit criard laissé par les compagnies publiques de transport, force est de reconnaître que leurs activités ne sont pas sans conséquences sur le bien-être des populations.

À Abidjan, par exemple, les gbakas comblent sans nul doute le vide laissé par la Société des transports abidjanais (Sotra), la compagnie publique de transport. S’ils étaient mieux organisés, les gbakas auraient pu pallier efficacement le déficit du système du transport actuel en Côte d’Ivoire et en tirer profit.

Malheureusement, ce moyen de transport, qu’on peut qualifier d’artisanal, est devenu un grand désordre. Bien que les autorités ivoiriennes peinent à s’y retrouver, il apparaît nécessaire, voire urgent, que l’État intervienne, pour discipliner les acteurs qui y jouent d’importants rôles. Et ce, pour que ce secteur puisse bénéficier davantage aux populations urbaines.

Les syndicats, les maîtres du désordre

Ne pas posséder de voiture dans la capitale économique ivoirienne, c’est être confronté(e) chaque joue à l’univers sans foi ni loi du monde des syndicats.

Les syndicats règnent en maîtres incontestés dans le milieu du transport. Ils ont instauré des gares anarchiques un peu partout dans la ville d’Abidjan, où ils extorquent de l’argent aux chauffeurs (transporteurs) après chaque chargement.

Et comme si cela ne suffisait pas, ce sont des individus abonnés à la violence, appelés « gnambros », qui ont pour tâche de charger les gbakas, les taxis communaux (appelés communément « wôrô-wôrô) et d’encaisser les frais de chargement. Ce racket organisé s’opère sous le regard complice ou impuissant des agents des forces de l’ordre et du politique.

Des bagarres d’une rare violence sont très fréquentes dans ce milieu et opposent très souvent les chauffeurs aux gnambros ou encore les gnambros aux syndicats pour le contrôle des gares.

Une « marche blanche » a même été organisée le 3 mars 2019 par la mairie de Cocody pour dire « non » aux violences dans le milieu du transport qui ont fait malheureusement un (1) mort et de nombreux blessés dans ladite commune.

Par ailleurs, l’excès de vitesse et le non-respect du Code de la route par les chauffeurs de « gbakas » sont à la base de nombreux accidents de la circulation. Entre la violence des syndicats et l’indiscipline des chauffeurs sur les routes, les populations ne savent plus à quel saint se vouer.

Que la route soit bonne…

Le huitième (8e) rapport de la Banque mondiale sur la situation économique en Côte d’Ivoire, intitulé « Que la route soit bonne », a été présenté le 21 février 2019 à l’auditorium de la Primature d’Abidjan.

Ce rapport plaide pour une prise de conscience urgente de la mobilité urbaine dans la capitale économique ivoirienne, car améliorer la mobilité à Abidjan de l’ordre de 20 % pourrait booster la croissance économique du pays d’au moins 1 %.

Le coordonnateur sectoriel « Macroéconomie » à la Banque mondiale, Jacques Morisset, dans la présentation des messages clés du rapport, soutient que les transports collectifs de masse contribuent à l’encombrement des voies, à l’insécurité et à la pollution.

« Chaque jour, on compte plus de 10 millions de déplacements à Abidjan et chaque ménage dépense en moyenne 1.075 Francs Cfa et « perd » plus de trois heures dans les transports. », a-t-il affirmé.

À la suite de son exposé, le ministre des Transports, Amadou Koné, a affirmé qu’un ensemble de mesures ont été prises et des travaux d’envergure sont en cours de réalisation, pour renforcer la capacité routière et améliorer la fluidité de la circulation.

La spécialiste des transports à la Banque mondiale, Anne-Cécile Souhaid, a par ailleurs, affirmé qu’une enveloppe est prévue pour accompagner le gouvernement dans les projets d’infrastructures routières.

En attendant de voir que tous les travaux annoncés prennent forme, les gbakas continuent, hélas, de « dévorer » les pauvres clients…