La Constitution de la RDC donne le titre de sénateur à vie à chaque ancien président élu. Mais depuis l’installation du nouveau Sénat congolais l’année dernière, Kabila n’avait jamais occupé son siège à l’hémicycle. Beaucoup parmi ses proches annonçaient même son retour politique pour reconquérir le pouvoir au scrutin présidentiel de 2023. Pourtant, à la surprise générale, Joseph Kabila a fait son entrée à la Chambre haute en sa qualité de sénateur à vie.

Joseph Kabila a quitté le pouvoir le 24 janvier 2019. Depuis, il s’est fait très discret tout en manipulant le jeu politique en République démocratique du Congo. Il détient la majorité parlementaire et le plus grand nombre de gouverneurs des provinces et de ministres du gouvernement de la République.

Dans sa ferme privée de Kingakati, située en périphérie de Kinshasa, il accorde des audiences, donne des instructions à ses lieutenants (députés, ministres…), se divertit sur sa moto, mais ne fait aucune déclaration publique. Il ne parle presque jamais aux médias. Toutefois, des selfies, il en fait assez régulièrement.

Enfin Kabila siégeant au Sénat

C’est le mardi 15 septembre dernier, jour de la rentrée parlementaire en RDC, que l’ancien président congolais est apparu à la Chambre haute du Parlement.  Il s’est avancé vers la salle des plénières, avec à ses côtés le président du Sénat et la présidente de l’Assemblée nationale, tous deux de sa plateforme politique, le Front commun pour le Congo (FCC).

Kabila au Sénat, c’est plus qu’un événement, et l’image a fait le tour du monde. Des commentaires fleuves sur les réseaux sociaux. Sur son écharpe rouge, jaune et bleue, couleur du drapeau congolais, il était écrit : « Sénateur. » De quoi fermer le bec à ceux qui pensent que « c’est lui le vrai président qui dirige la RDC à travers une marionnette appelée Tshisekedi ». Le désormais sénateur à vie s’est assis comme tout le monde, seul bémol : il ne portait pas de masque de protection contre le Covid-19. Ce qui a ravivé la fureur de ses détracteurs sur Internet.

Quoiqu’il en soit, le geste de Kabila est fort et l’image restera gravée dans les pages d’histoire de la République démocratique du Congo : un ancien chef de l’État qui accepte de demeurer un simple parlementaire ! Ailleurs, beaucoup choisissent l’exil.

Au chapitre des réactions…

Les observateurs estiment que voir l’ex-chef de l’État congolais siéger au Sénat est un bon signe et cela renforce la démocratie congolaise. C’est la première fois qu’on a en RDC un président en fonction et un ancien président en vie et qui assume ses prérogatives constitutionnelles, modestes soient-elles.

Les partisans de l’actuel président Félix Tshisekedi s’en félicitent, estimant que le fait que Joseph Kabila ait finalement accepté de siéger au Sénat met fin aux spéculations de sa plateforme politique le FCC qui lui prêtait les intentions de revenir au pouvoir comme président en 2023.

D’autres analystes restent plutôt prudents étant donné que Kabila est imprévisible de nature. Il peut encore surprendre.  L’homme a tellement l’habitude de souffler le chaud et le froid que même ses proches ne peuvent prétendre maîtriser son agenda. On sait que c’est lui qui incite ses partisans à mettre les bâtons dans les roues du nouveau président Félix Tshisekedi.