Les pluies diluviennes des mois d’août et septembre ont transformé la capitale sénégalaise en un marigot.

Malgré les centaines de milliards injectés par l’État dans le plan décennal de lutte contre les inondations la furie des eaux a, une nouvelle fois, eu raison de la ville bloquant l’économie et causant des pertes humaines et matériels considérables.

C’est devenu presque récurrent. Au Sénégal, hivernage rime avec angoisse, calvaire et désolation. L’année 2022 n’a pas dérogé à la règle. Maisons et rues inondées, routes impraticables, commerces fermés, administration à l’arrêt, autoroutes embouteillées, c’est le piteux décor que l’on retrouve à tous les endroits où le ciel a ouvert ses vannes.

Le vendredi 05 août 2022, il a suffi de 126 mm de pluie pour que la capitale sénégalaise soit coupée du reste du pays et que les populations revivent les affres des inondations. La situation était si préoccupante que les autorités ont déclenché le plan ORSEC (Organisation des Secours), principal mécanisme de coordination et de gestion des catastrophes et des urgences. Un dispositif conjoncturel qui ne règle pas le problème. La preuve, les nouvelles précipitions de la nuit du vendredi 03 au samedi 04 septembre ont replongé les populations dans un calvaire indescriptible avec des propriétés et des véhicules en proie aux eaux sur l’ensemble du territoire.

Scènes pittoresques, les pirogues, les baignoires, les carcasses de frigos, tout ce qui flotte est utilisé pour aider les citadins à relier deux coins de rue. On se croirait dans un fleuve en période de crue. Et pour ne rien arranger, la pluie commence à faire des victimes. Rien qu’à Dakar, on dénombre trois morts sur la corniche, à la zone de captage et à Cambérène. Autant de désagréments qui suscitent la colère des populations.

L’État indexé

S’il y’a un coupable désigné par les populations, c’est bien l’État du Sénégal. En effet, l’assainissement n’étant pas une compétence transférée aux collectivités locales, il est du ressort de l’État central, à travers l’Office Nationale de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), de développer et d’entretenir un réseau moderne d’assainissement capable de supporter des situations extrêmes. Mais ce qui excède les sénégalais c’est les centaines de milliards du contribuable injectés dans la lutte contre les inondations sans résultat probant.

En effet, en 2012, à la suite de fortes inondations dans la banlieue, le Président de la République, Macky Sall, lors d’un conseil présidentiel, dissout le SENAT et lance le Plan décennal de lutte contre les inondations, estimé à un peu plus de 700 milliards de franc CFA. Dix ans plus tard, à l’heure de l’évaluation, le constat est amer. Les populations sont de plus en plus éprouvées et les inondations beaucoup plus sévères.

D’ailleurs de nombreuses voix, convaincues que les 700 milliards n’ont jamais été dépensés, s’élèvent pour demander un audit du plan décennal de lutte contre les inondations.

Les collectivités locales pas épargnées

Même si l’assainissement n’est pas une compétence transférée, les communes sont souvent attaquées par les sinistrés en quête de bouée de sauvetage. Il est vrai que les collectivités territoriales ont en charge le curage et le nettoiement des caniveaux situés sur leur territoire. Une obligation à laquelle certains maires dérogent. Les uns faute de budget, les autres par négligence. Un comportement qui amplifie l’ampleur du phénomène à certains endroits. N’empêche, à chaque inondation, ce sont les collectivités territoriales qui se déploient les premières sur les lieux pour apporter aider et assistance aux sinistrés à travers un système de pompage des eaux.

Les populations ne sont pas en reste

Il convient également de pointer du doigt le comportement indigne de certains citoyens. Les caniveaux et les canaux d’évacuation des eaux de pluie sont souvent transformés en dépotoirs d’ordure par des personnes sans scrupule. Un comportement qui n’est pas sans conséquence. En réalité, ces déchets, généralement, constitués de plastique, de tissus, des fois de carcasses d’animaux, bouchent les tuyaux et ralentissent l’écoulement des eaux qui stagnent et prennent possession des maisons. Un comportement à condamner, à bannir pour réduire le risque d’inondation.

Pour régler définitivement la question des inondations au Sénégal, il faut que chaque partie jour pleinement soit rôle. Il y va de la sécurité de tous.

Photo : AMISON/Iwaria