Depuis son indépendance, le Niger n’a jamais connu une transition démocratique. Une instabilité politique et démocratique marquée par de récurrents coups d’Etat militaires dont la nécessité reste souvent à prouver.

En effet, entre 1974 et 2010, le Niger a connu quatre coups de force militaire. Une situation qui contribue à fragiliser un peu plus le pays qui est considéré comme l’un des moins développés du monde de par son indice de développement humain (IDH), 226è sur 228 pays classés en 2019.

Confronté à une multitude de défis à tous les niveaux de la vie socio-économique, certaines couches sociales apparaissent encore plus marginalisées. C’est notamment le cas des femmes et des enfants. Selon l’ONG nigérienne Tarbiyya Tatali, les femmes représentent 50,4% de la population nigérienne. Pourtant, elles vivent dans des conditions de précarité « physiques, matérielles et sociales du fait des pesanteurs socio culturelles et de certaines pratiques discriminatoires qui les relèguent à un état d’infériorité par rapport aux hommes ».

Pour les élections 2020-2021, elles ont été plus de 4 millions à s’enrôler sur le fichier électoral biométrique, ce qui représente près de 55% des électeurs nigériens.

La participation politique de la femme nigérienne

Malgré le fait que le nombre d’électrices soit supérieurs au nombre d’électeurs, il n’en demeure pas moins que les femmes restent sous-représentées dans les instances politiques du Niger. Par exemple, sur 171 députés on ne compte que 29 femmes comme on peut le lire sur le site de l’Assemblée nationale du Niger.

Pour les élections 2020-2021, aucune candidature féminine à la présidentielle n’a été enregistrée. Une situation qui s’explique par le fait que la plupart des partis politiques n’ont pas une stratégie qui prenne en compte le genre.

Dans cet article écrit par Zakari Aboubacar, un chercheur au niveau de l’Université de Zinder on peut lire « les contraintes dans le domaine du genre sont d’ordre budgétaire, institutionnel, juridique et culturel ». Malgré tout, le chercheur soutient que « les femmes au Niger n’ont pas gardé les bras croisés pour participer au développement du pays ».

Des difficultés dans le financement de leurs campagnes politiques confirmées par madame Kadouaré Rahina et Ramatou Kountché, respectivement candidate aux élections législatives  et présidente des femmes élues de la région de Tillabéry, qui soutiennent que les femmes ne sont pas soutenues dans leurs luttes politiques au Niger. Des détails que vous pouvez retrouver sur ce lien.

Malgré tout, pour madame Kako Fatchima, présidente de la Coordination des organisations non gouvernementales et associations féminines nigeriennes (CONGAFEN) ; même s’il n’y a aucune femme candidate à la présidentielle, il faut s’attendre à une forte participation de ces dernières au niveau des élections législatives et locales. Pour cause, un rehaussement de la loi sur le quota des femmes pour les postes électifs qui est passée de 15% à 25% en 2019.

Lors du double scrutin du 27 décembre 2020 au Niger, Nafissa Idé, coordinatrice de l’ONG Femmes, Action et Développement (FAD) notifiait la forte participation des femmes. Cependant, elle précise que le plus dur reste à venir puisqu’il faut désormais suivre la répartition des sièges par les partis politiques. Une situation qu’elle explique dans cette interview.

Une transition démocratique ne résout pas tous les problèmes

Pour Moustapha Kadi, acteur de la société civile et président de la cellule électorale pour les élections 2020-2021, il ne faut pas perdre de vue les autres défis qui attendent le Niger. Pour lui « les élections démocratiques, à elles seules, ne suffisent pas pour remplir les critères pouvant nous permettre de dire que nous sommes dans un État purement démocratique. Il y a des critères et il y a des acteurs, donc il faut permettre à chaque acteur de jouer pleinement son rôle ».

Une fois de plus les femmes devront encore mener des luttes afin de revendiquer leur place dans l’échiquier politique du Niger.

Solimane Ryad

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