Il s’agit en effet de l’un des projets du programme d’urgence dit de « 100 jours » du président Félix Tshisekedi. Ce programme lancé début 2019, prévoyait la construction d’infrastructures à Kinshasa et dans plusieurs provinces du pays. C’est le cas notamment des routes et des sauts-de-mouton, mais aussi des logements sociaux pour les militaires et pour une partie de la population.
Sur sept chantiers de sauts-de-mouton, quatre dont la construction est terminée ont été inaugurés le jeudi 31 décembre 2020 par le chef de l’État congolais. Mais cette inauguration intervient près de deux ans après le lancement des travaux.
Au départ, les sauts-de-mouton devaient être terminés et inaugurés au plus tard en décembre 2019. Mais les travaux ont pris du temps et beaucoup de polémiques sont passées par-là. D’abord, le coût de chaque saut-de-mouton fut revu à la hausse, passant de 2.5 millions de dollars en moyenne à 6.5 millions par ouvrage. A cela s’ajoute que les financements des travaux venaient à compte-gouttes. Plus grave, une partie des fonds était supposée détournée. Ce qui a entraîné de nombreuses poursuites judiciaires parfois suivies d’emprisonnement de certains responsables d’entreprises impliquées dans l’exécution des travaux.
Il en est de même des logements sociaux préfabriqués dont le procès pour détournement des fonds a vu le directeur de cabinet du président Tshisekedi être condamné à 20 ans de travaux forcés par le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe.
Malgré toute la saga judiciaire qu’il y a eue, les travaux des sauts-de-mouton évoluaient à pas de tortue. Certains chantiers étaient carrément arrêtés ou suspendus. Pendant ce temps, les embouteillages redoublaient d’intensité sur les routes de Kinshasa. Sur le boulevard Lumumba par exemple, les emplacements où étaient érigés les chantiers des sauts-de-mouton étaient devenus la principale cause des bouchons simplement parce que les échafaudages géants et les enclos qui les abritent rétrécissaient fortement la chaussée de part et d’autre.
Il arrivait qu’on soit bloqué dans des embouteillages monstres pendant trois ou quatre heures au même endroit. Si bien que beaucoup ont qualifié le projet de ces sauts-de-mouton d’une vaste escroquerie ou d’une plaisanterie de mauvais goût.
Inauguration et ouf de soulagement
Très critiqué sur ce sujet, le président Félix Tshisekedi n’avait pas d’autres choix que d’accélérer les travaux. Le gouvernement s’était engagé à achever les travaux avant le 30 juin 2020, et le président allait procéder à l’inauguration en guise de cadeau de ce jour de l’indépendance de la République démocratique du Congo. Là encore, un rendez-vous manqué ! Les ouvrages n’étaient toujours pas prêts. En plus, une forte crise gâchait le fonctionnement du gouvernement, en raison de profondes divergences entre le président Tshisekedi et le camp de son prédécesseur Joseph Kabila qui avait la majorité au Parlement. Les proches de Tshisekedi dénonçaient régulièrement des blocages financiers orchestrés selon eux par les ministres pro Kabila pour faire échec aux actions du chef de l’État.
Finalement, quatre des sauts-de-mouton prévus ont été inaugurés le 31 décembre 2020 par le président lui-même. Les autres le seront vers la mi-mars si le programme est respecté. Mais déjà avec les quatre, la population peut pousser un ouf de soulagement. La circulation est désormais assez fluide sur les routes où les sauts-de-mouton sont opérationnels. Mais cela ne peut mettre pas fin à tous les bouchons à Kinshasa, une mégapole de 12 millions d’habitants.