Par Dotun Roy

Pour la seule année 2019, l’Afrique a perdu la somme colossale de 5,296 milliards de dollars du fait des coupures d’Internet. Ce sont les chiffres avancés par le dernier rapport sur les coupures d’Internet en Afrique et dans le monde.

Les fermetures, généralement orchestrées par les gouvernements, constituaient des stratégies employées pour contrôler l’information et écraser les protestations dans le but de conserver les rênes du pouvoir.

Les pays africains dont les gouvernements ont eu recours aux coupure d’Internet en 2019 sont l’Éthiopie, le Tchad, le Zimbabwe, la République démocratique du Congo (RDC), la Mauritanie et l’Algérie.

Récapitulatif des coupures d’Internet en Afrique en 2019

Le gouvernement tchadien, dirigé par le président Idriss Deby, a ordonné aux opérateurs de télécommunications et aux fournisseurs d’accès Internet (FAI) de couper l’accès à Internet dans le pays. Nombreux sont ceux qui ont considéré cet embargo comme un moyen d’empêcher un tollé public quand les législateurs tchadiens ont proposé un projet de loi visant à maintenir le président Deby au pouvoir jusqu’en 2033.

Au total, Internet a été coupé pendant 4 728 heures dans le pays. L’analyse économique de cet événement impopulaire a révélé que le pays avait perdu 129,5 millions de dollars.

En Éthiopie, l’Internet a été coupé deux fois en 2019. La première lors des examens nationaux dans le pays, les responsables du pays ayant insisté sur le fait qu’une telle coupure visait à empêcher les étudiants de tricher. La deuxième coupure est intervenue après un coup d’État manqué initié par un groupe de soldats.

Les coupure d’Internet en Éthiopie auront au total duré 274 heures en 2019 et les réseaux sociaux ont été fermés pendant 72 heures. Des actions qui ont fait perdre 56,3 millions de dollars à l’économie éthiopienne.

L’Afrique, trop pauvre pour se permettre ces coupure d’Internet

En mars 2019, Brookings a rapporté que 70 % des personnes les plus pauvres du monde vivaient en Afrique. Le rapport suggère cependant que l’Afrique a commencé à sortir du seuil de pauvreté extrême à raison de 367 personnes par jour.

Néanmoins, d’ici 2030, le continent n’aura toujours pas atteint le premier ODD, qui est l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes.

Source : Brookings

En outre, la Banque mondiale prévoit une hausse des indices de pauvreté en Afrique d’ici 2030 par rapport aux autres continents.

D’après ces rapports, il est clair que l’Afrique a besoin d’accumuler autant que possible et ne peut se permettre de voir son PIB reculer. Les pays africains doivent exploiter toutes les ressources à leur disposition pour réduire le terrible taux de pauvreté qu’enregistre le continent.

Internet s’est rapidement développé pour devenir un moteur de croissance économique grâce à l’essor des secteurs des technologies financières, de l’éducation et autres, toutes utilisées quotidiennement dans les activités commerciales.

Par conséquent, couper l’Internet pour quelque durée que ce soit paralyse dans une large mesure les activités économiques de la région.

Outre la question de l’entrave aux droits de l’homme associée aux coupures d’Internet, des activités récentes montrent qu’Internet est rapidement en train de devenir un outil politique qu’utilisent les gouvernements africains pour contrôler leurs citoyens, au détriment de l’économie.

Le tableau dressé par les spécialistes est encore plus sombre, puisqu’ils prédisent que cette tendance devrait se poursuivre. La population africaine mérite une meilleure économie et que les droits humains fondamentaux soit respectés ; cela devrait inciter les responsables à réfléchir avant d’autoriser de telles coupures.