Après la marche de l’UDPS, le parti du chef de l’Etat Félix Tshisekedi, le bilan en termes de morts continue à défrayer la chronique en République démocratique du Congo. Ces manifestations ont eu lieu le 9 juillet dans plusieurs villes du pays, notamment à Kinshasa, à Mbujimayi et à Lubumbashi pour rejeter la désignation de Ronsard Malonda comme nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante. Si à Mbujimayi il n’y a eu aucun incident grave, à Kinshasa et à Lubumbashi la police a réprimé les marches en tirant à balles réelles.

Au lendemain de ces marches, le colonel Pierrot Mwana Mputu, porte-parole de la police congolaise, est passé à la télévision pour annoncer un bilan de 2 morts à raison d’un mort à Kinshasa et un autre à Lubumbashi. Faux, rétorque l’UDPS qui parle de 6 morts. Le gouvernement quant à lui avance un bilan de 5 décès. De leur côté, les défenseurs des droits de l’homme parlent de 7 morts et 30 disparus à Lubumbashi. Certains manifestants ont été grièvement blessés à la machette. Du coup, c’est la confusion totale sur cette comptabilité macabre.

Du jamais vu, la police tirant sur des militants du parti au pouvoir

J’avoue que c’est la première fois que des militants du parti au pouvoir sont tués par la police au cours d’une marche pacifique en République démocratique du Congo. Ce qui amène à poser plusieurs questions : qui a donné l’ordre de tirer sur les manifestants ? Pourquoi d’autres marches pacifiques comme celles organisées par le Comité laïc de coordination ou la coalition de l’opposition Lamuka et les mouvements citoyens n’ont pas connu de pertes en vies humaines ? Y avait-il une sélection ? En tout cas, nul ne peut dire que c’est le président Tshisekedi qui aurait ordonné de massacrer ses propres partisans.

Pourtant tout est facile à comprendre : les villes de Kinshasa comme Lubumbashi sont gérés par des proches de l’ancien président Kabila. La police aussi. Ceci expliquant cela. En tout cas, l’intention de tuer les militants de l’UDPS a été manifeste, surtout à Lubumbashi. Car, des corps mutilés ont été retrouvés dans une rivière juste après la marche de l’UDPS à Lubumbashi. Preuve qu’il y avait un escadron de la mort ou une expédition punitive. L’opposant Moïse Katumbi a dû annuler sa propre marche pacifique le 13 juillet, craignant que des tueurs n’en profitent pour verser encore une fois le sang parmi les manifestants.

Le tribalisme parmi les causes

En réalité, ces exactions contre les militants de l’UDPS sont motivées par la haine tribale. Beaucoup de partisans de l’UDPS sont de la tribu du chef de l’Etat Félix Tshisekedi. Depuis plusieurs années, la cohabitation a rarement été facileentre les Kasaïens et les tribus de l’ancien Katanga. Dans les réseaux sociaux, énormément de messages de haine tribale circulent. La tension est telle que des défenseurs des droits de l’homme ont organisé il y a quelques jours une marche contre la montée du tribalisme à Lubumbashi.

Bref, au nom de l’Etat de droit,  des enquêtes doivent être menées pour identifier les tueurs et les traduire devant la justice pour qu’ils répondent de leurs actes.