Une tragédie qui met en émoi la population togolaise qui n’a pas de cesse de décrier l’état de délabrement inhumain des structures sanitaires du pays. Il n’est plus un secret que le Togo est le seul pays dans la sous-région ouest africaine pour ne prendre que cet espace géographique à ne posséder aucun hôpital de référence moyenne.

 

Tout manque dans les hôpitaux togolais. Du scanner jusqu’au brancard, à l’oxygène, aux lits, et même les matériels les plus élémentaires. Et pourtant avec la bénédiction de la communauté internationale, une seule famille dirige ce pays depuis plus de 54 ans avec 16 ans de pouvoir cumulés pour Faure Gnassingbé. Pas un seul nouvel hôpital n’est construit. C’est dans ce contexte de désespérance sanitaire que Madame Ornella Laine meurt sur la table d’accouchement par manque de professionnalisme et d’humanisme.

Ornella Laine, 29 ans, mère de deux enfants décède en tentant de donner naissance à son troisième enfant. Elle est abandonnée par les sages-femmes et tombe sur le ventre de la table d’accouchement. Bien qu’elle perd connaissance, le personnel soignant n’en était pas ému et l’a laissé dans cet état des heures durant à même le sol sans que les supplications de la famille n’émeuvent ceux qui ont prêté serment de sauver des vies. Et le pire arriva. Ornella meurt en couches de même que le bébé. Ces genres de tragédies font partie depuis belle lurette du quotidien des Togolais qui ont fini par sombrer dans une certaine banalisation de la vie. De toute évidence, les gouvernants et leurs amis se soignent même pour des maux légers dans les hôpitaux cinq étoiles disséminées un peu partout dans le monde.

La mort d’Ornella met en émoi et en colère, mais malheureusement, cette situation va durer quelques jours, mieux quelques semaines et après le cas Ornella fera partie du passé. Les autorités de fait du pays ne bougeront pas le petit doigt pour à défaut de construire de nouvelles structures sanitaires réhabiliter celles existantes. Hormis quelques petites sanctions qui ne feront pas revenir à la vie cette jeune femme ainsi que toutes les victimes de ce système de santé anachronique rien ne se fera.

Comme à l’accoutumé, le gouvernement dit ouvrir une enquête pour situer les responsabilités, mais les Togolais savent que les enquêtes ouvertes ne sont jamais fermées et les criminels se la coule douce s’assurant de la culture de l’impunité érigée en mode de gouvernance même si dans le cas d’espèce, l’association des sages-femmes du Togo dit s’engager à faire la lumière sur le décès de Mme Ornella Laine.

Pendant ce temps, l’opinion dans un élan solidaire et à l’initiative d’un entrepreneur togolais, lance l’opération un brancard en mémoire d’Ornella. L’amer constat est qu’il n’existe qu’un seul brancard au CHU de Lomé pour transporter les personnes décédées ainsi que les femmes enceintes.

Pour rappel, le gouvernement du Togo champion dans les annonces avait lancé il y a 10 ans la Campagne d’Accélération pour la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA). Malgré le pompeux slogan de cette annonce,  »aucune femme ne doit mourir en donnant vie », la réalité est bien tout autre. Pour cause, le personnel du principal centre hospitalier du pays a souvent périodiquement observé des mouvements de débrayage pour exiger de meilleures conditions de prestations leur permettant de sauver des vies. Ces mouvements ne suscitent que des réactions à minima de la part de ceux qui régentent de force le Togo.

C’est dans ce contexte que le 4em mandat controversé du fils d’Eyadema qui a pris le pouvoir au Togo en 2005 par un tour de passe-passe sanglant a coûté la vie à un millier de Togolais s’égrène.

Paix aux âmes des victimes du système sanitaire délabré.

 

Crédit photo : Alain Anifrani