Une image vaut mille mots : c’est en 1927 que la phraséologie du directeur de publicité Fred R. Barnard est devenue populaire. Il a inventé l’expression pour exprimer le fait qu’une idée complexe peut être transmise en une seule image fixe ou que l’image d’un objet communique un message ou véhicule son essence plus efficacement qu’un texte descriptif. Cette expression peut s’appliquer à l’image prise à Pékin, en Chine, où la délégation du gouvernement zambien, dirigée par le président Edgar Lungu, a rencontré avec l’équipe chinoise de Xi Jinping.

Contrairement à une vidéo ou une bande audio, une photo peut transmettre différentes significations et interprétations. Dans ce cas, l’image présente illustre des connotations plutôt troublantes et inquiétantes. C’est une image qui a transmis un message fort, une représentation négative du chef de l’État zambien et de sa délégation et de la manière dont les Africains adoptent une approche nonchalante lors de rendez-vous importants. Nous ne sommes souvent pas pris au sérieux en raison de la façon dont nous nous présentons. Alors que certains sont prompts à déclarer,« Il ne faut pas juger selon les apparences », parfois, c’est l’impression donnée qui compte, c’est ce qui est transmis en surface, et pas nécessairement en détail, qui l’emporte. En bref, la perception devient la réalité.

L’image largement diffusée montre les deux délégations, celle, plus sérieuse et attentive, de l’équipe chinoise, visiblement prêtant attention, avec leurs stylos et carnets de notes bien droits devant eux, prenant sans doute des notes sur les détails importants des délibérations, alors que de l’autre côté, la délégation zambienne à l’air plutôt égarée, confuse, et est assise avec désinvolture, sans carnet de notes ni stylos devant elle. Il semble que seuls les chinois prenaient la réunion au sérieux, d’où la prise de notes sur les aspects des discussions.

L’image a été largement diffusée sur les médias sociaux, en particulier sur le site de microblogage Twitter, attirant des foules de commentaires, la plupart moquant la délégation zambienne. La plupart des commentaires, de fait, insinuaient que les zambiens manquaient de « sérieux ». Rien d’étonnant qu’ils fassent toujours de mauvaises affaires. Dans l’un de ces messages Twitter, le journaliste Nqaba Matshazi de Newsday s’est étonné : « Comment se fait-il que la délégation zambienne n’ait rien devant elle, pas de carnets de notes, ne prend-elle pas de notes ? »

L’opinion de Matshazi était partagée par plusieurs de ses suiveurs sur le microblogue, apparemment choqués que toute une délégation gouvernementale puisse rester là et « se perdre » dans tous ces pourparlers lors d’une telle réunion, sans stylo ou papier devant elle. Parfois, c’est le langage corporel, les impressions données et les actions dans une salle de réunion qui peuvent vous donner un avantage lors des négociations. Un utilisateur de médias sociaux a évoqué le fait que l’absence de prise de notes peut symboliser, pour l’équipe assise en face, que l’on n’accorde pas de priorité à la documentation ou aux systèmes et procédures. Il vous suffit d’être à l’écoute ou, tout au moins, de faire semblant d’être au courant de ce qui se passe, au lieu de paraître perdu dans la savane comme le semble la délégation zambienne. Il n’est pas surprenant que les Chinois, juste en observant les actions de la délégation zambienne, aient compris que leurs homologues ne prêtaient pas attention ou n’étaient pas préparés.

En réaction au message tweet de Matshazi, une poignée Twitter @HonMbele disait : « Nous pouvons déterminer le montant du pot-de vin à verser d’un seul regard. Pas besoin de notes, nous te regardons dans les yeux… Puis nous te donnons notre compte en banque. Accord conclu. » Pour @HonMbele, il insinuait que, pour la délégation zambienne, les détails n’avaient pas d’importance mais que seul l’argent comptait.

Un autre tweet intéressant exprimait la réaction suivante : « C’est commun à toutes les délégations africaines. Elles n’ont pas de temps à consacrer aux détails, tout ce qu’elles veulent entendre, c’est que leur demande de milliards a été approuvée. Un point, c’est tout. C’est pour cette raison que nous nous retrouvons avec des accords de prêts qui nous asservissent pendant plusieurs générations ! » Ces observations ne peuvent pas être ignorées mais traduisent la perception générale partagée par beaucoup d’Africains sur la façon dont les délégations des dirigeants africains se comportent lorsqu’ils sont là pour négocier des affaires.

Bien que les commentaires aient été faits sur le ton du « divertissement » gratuit, il s’agit toutefois d’une tendance inquiétante quant à la manière dont les dirigeants africains prennent de telles réunions pour acquis. Avec des offres d’aide et de prêts de plusieurs milliards de dollars, il n’est pas surprenant que la plupart des gouvernements africains apposent leur signature sans trop examiner ces accords. Bien que nous n’ayons pas plus de détails sur ce qui s’est effectivement passé durant cette réunion, nous ne pouvons que spéculer qu’il s’agissait juste d’une de ces réunions d’occasionnelles au cours desquelles peu de choses importantes sont discutées. Peut-être. Ou peut-être pas ?

Il se peut qu’ils aient pris des notes (au moins dans leur tête) de chaque détail en cours de discussion. Au fil des ans, certaines inquiétudes ont été formulées au sujet des contrats signés par les dirigeants africains, en particulier avec les Chinois. Les citoyens de tout le continent africain considèrent avec scepticisme les accords avec les Chinois et soupçonnent la plupart des dirigeants africains d’apposer leur signature sans porter beaucoup d’attention aux détails.

Pour la plupart des dirigeants africains, ces voyages sont des safaris avec shopping et rien d’autre. Ils ne sont intéressés que par les indemnités quotidiennes qu’ils reçoivent et leur impatience d’aller faire du shopping. C’est pour cela qu’ils n’écrivent rien ou ne prennent pas de notes. Ils n’ont aucun amour pour la nation. Il s’agit uniquement d’acheter de nouvelles babioles et des gadgets dont ils pourront se vanter une fois de retour à la maison.

Il n’y a pas de plan d’engagement, il s’agit simplement de mendier et la plupart d’entre eux y seraient même allés sans les chefs d’entreprise.

En fait, d’autres images provenant de Pékin indiquent que c’est une tendance africaine. Les événements de Pékin traduisent différentes cultures de travail.

Alors que le rassemblement du FCSA est actuellement en cours, nous semblons toujours mal préparés et sans politique solide sur le papier sur la manière d’engager la Chine, au niveau de l’Union africaine, de la SADC, de la CEDEAO, sans mentionner au niveau de chaque pays. Il ne sera pas surprenant que la plupart de ces pays n’ont pas de plan national de développement ou de vision pour les guider.

Il semble que nous nous jetons toujours dans la gueule du lion en toute impunité.

En conclusion, l’Afrique s’en tirerait mieux avec une ligue soignée des jeunes leaders prêts à affronter le monde par un spectacle époustouflant de leadership. La délégation zambienne, bien que le summum de la génération actuelle de dirigeants, laisse beaucoup à désirer concernant la capacité du continent à s’imposer et à définir son avenir et au-delà. L’Afrique mérite mieux !